Le croissant du Jura c'est ma terre. Je le sens tellement en moi que c'est à croire que je porte les générations de Boillot qui s'y sont reproduits. Du Chasseral au Crêt de la neige, les images déferlent dans ma tête. Combien de kilomètres avons nous parcourus à travers monts et vallées? Combien de chaussures, combien de skis de fond avons nous usés? Des centaines de photos sont sorties de ces aventures paysagères. Elles me hantent et m'appellent à une nouvelle rencontre sans cesse renouvelée. Des mots sonnent comme des cristaux: Déssoubre, les Gras, Mouthe, le Risoux; la Foret du Massacre...Ses hommes discrets mais haut combien précieux distillent une vie secrete. Qu'ils soient bucheron, fromager,pipier, tavaillonneur ou boisselier, tous ont su s'unir à la rudesse du climat en offrant un coeur énorme à qui sait attendre le temps qu'il s'ouvre. Combien de sentiers mènent- ils, au sortir du bois sombre sur un nuage vaporeux et mystérieur d'une brume épaisse ou les formes divaguent, ou les sons s'emplifient, ou la lumière coule et déborde pour enfin se déchirer au moment de toucher la crète et là, le coeur battant à rompre, le randonneur s'extase devant un miracle. Les alpes blanches, grandioses, majestueuses, s'offrent en toute impudeur au regard vagabon.
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