Sivergues
Ici s’arrête la route, bout du chemin, bout du monde.
Haut lieu de l’histoire, bien avant le moyen âge, les hommes s’y installèrent taillant le rocher pour y faire des abris. Plus tard, les bâtiments s’appuyèrent sur ces ébauches. Le hameau traversa le temps et les siècles. Quand je le découvris dans les années 70, il était encore habité par des paysans austères discrets d’un caractère trempé dans le fer aussi dur que le vent, aussi pointus que la lumière. Ils élevaient leurs abeilles à mains nues, avec les gestes précis et lents qui avaient un ton d’éternité. Pourtant ils ont tous disparus. Les derniers furent ceux, je crois, de cette maison. Je me souviens que sur l’ère de battage du village était resté là comme si le temps n’existait pas, le rouleau de pierre qui servait à séparer le grain. Le village était ouvert à la rencontre. La fin de la route est trompeuse puisque depuis les romains, elle mène jusqu'à Vaugine. Plus haut derrière un pli se cache le Castelas et Gianni son propriétaire Sarde, qui est aujourd’hui un des plus anciens du coin. L’homme est rare, il transmet avec art et force la culture et le fruit de son métier : chevrier, même s’il est rattrapé aujourd’hui par le succès touristique de son gîte et de sa table.
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