Après un bon piquenique sur la terrasse ensoleillée de l'hôtel Weisshorn  agrémenté de la traditionnelle et délicieuse tarte aux myrtilles, le retour vers Tignouza se fait par le sentier en balcon au dessus de St Luc face au Tounô  lequel s'impose par ses contrastes de roches  rouges brunes et son grand cône d'éboulis clair.  En fond derrière les hauts plateaux se détachent en dentelles les roches du Pas de Boeuf et le crane chauve de la  Bella tola. Les mélèzes arborent les branches richement décorées de nouvelles épines tendres d'un vert éclatant et changeant. Les pentes étalent mille tons sur lesquels flottent les dalles de rocher émergentes comme des icebergs  alors que les prairies se couvrent de boutons tout velus d'où pendent les perles de rosée laissées par la nuit encore fraiche. Quand je pense que certains sportifs gravissent ce sentier depuis Sierre jusqu'à Zinal en courant  et que mon ami Martin a été de ces héros qui se font tellement souffrir sur ces cailloux, je reste muet d'admiration et de respect .

 Par cette aquarelle je voulais rendre le caractère printanier de l'instant à la fois très lumineux et fragile . Les couleurs sont à mâcher tellement elles sont fraiches et tendres, la lumière  est cristalline . J'apprends à intégrer ces volumes, ces couleurs qui ne font pas partie de ma palette habituelle. Loin de la Provence, la montagne me tourmente et m'attire. Harmoniser et équilibrer les plans est un vrai challenge, être dans des accumulations de verts, des surcharges pour densifier les volumes me perturbe. Oublier le ciel  et créer du volume me tourmente. L'aquarelle est restée longtemps inachevée, à me regarder avant que je me décide de m'arrêter là. Est elle finie? Je ne sais pas trop, mais je ne sais pas aller plus loin sans prendre le risque de tout perdre de ce que je voulais. Alors jugez vous même.