Qui n’a pas vu Bonnieux en matinée au printemps ne peut pas comprendre pleinement ce qu’est la magie du Luberon qui joue avec vous alliant éclat, violence et douceur à la fois. Dès le matin, le village prend vite la lumière et celle-ci va glisser en lui tournant autour, jouant des ombres, des murs et des façades. Je peux m’y poser et regarder des heures. En remontant depuis le bas du village par la rue sous les remparts, on a le temps de s’imprégner de ce contraste entre pierres brulante en amont et jardins verdoyants en aval. La pente peut être un peu éprouvante d’autant que les platanes ne répandent pas encore leur feuillage protecteur. Une grosse bâtisse au bout du chemin, l’école des filles, trônant avec autorité, domine le vallon. De larges lucarnes s’égrènent en collier tout autour du bâtiment juste sous le toit au dessus des immenses fenêtres lui donne une allure de jeune fille un peu guindée. Un vieux crépis ocré rayonne de tous ses feux. Un vrai jardin de curé rebondit de terrasses en terrasses invitant à la flânerie entre les buis, les arbres et les fleurs mélangées qui se sont sauvagement ressemées. les cyprès ponctuent les passages. Une large terrasse éclaboussée de soleil se termine en bout par une tonnelle couverte de glycine. Celle-ci au printemps, par le mouvement de ses énormes grappes ballottées par le vent, prend des allures de torrent déferlant de mauves, de violets, de blancs. La lumière arrivant de face en augmente encore la transparence et le volume tandis que le fond du vallon et la colline d’en face, se perdent dans une ombre épaisse et mystérieuse, entre les grands bras des cèdres qui doivent bien cacher quelques déesses un peu jalouses de tant de beauté. Un voile de chaleur en estompe les traits. Extase….
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